Les révélations du journal oublié : quand les ombres du passé ressurgissent

Publié le 9 mai 2025
MAJ le 8 juillet 2025

Au milieu de sa vie, elle croyait avoir laissé derrière elle son histoire passée. Pourtant, la redécouverte inattendue d'un carnet ancien va ébranler ses convictions et dévoiler des secrets longtemps dissimulés. Une rencontre fortuite à Nantes va tout changer, entre souvenirs et émotions intenses.

Une existence tranquille, sans les obligations de la parentalité, sans agitation ni contraintes. Tout bascule lorsqu’un journal intime oublié est découvert sur le canapé, ramenant à la surface des souvenirs enfouis. Une photo, une date précise, un nourrisson dans les bras… Et cette voix nocturne chuchotant : « Maman ».

Cette fois, ce n’est pas une illusion. La voix est bien réelle, derrière moi. À peine perceptible mais distincte. Chaque geste est empreint d’incertitude alors que je me lève. Mon cœur bat la chamade, telles les cloches de la cathédrale Saint-Pierre un jour de fête. J’écarte doucement le rideau.

Rien. Absolument rien.

Seulement la cour intérieure de ma résidence, nichée dans le quartier historique de Nantes, et la façade de l’immeuble en face. Je reste immobile. Puis, mon regard est attiré vers le sol. Une ombre. Un carnet. Non, ce carnet. Abandonné sur le carrelage. Je le ramasse. Une page dépasse légèrement.

Un acte de naissance. Clémence D., née le 17 août 1981, à l’Hôpital Hôtel-Dieu de Nantes. Mère : non identifiée.

Vue typique du quartier historique de Nantes avec ses pavés et son architecture traditionnelle

Un passé enfoui

Je m’effondre sur le canapé, les mains moites. Cette date. Ce prénom. Je plonge dans ma mémoire comme on explore un vieux coffre, parmi les vestiges des années écoulées. Soudain, une image refait surface.

J’ai 17 ans. La peur m’envahit. Une chambre d’hôpital impersonnelle. Les pleurs d’un nouveau-né. Ma mère à mes côtés, inflexible. « C’est la meilleure solution pour tout le monde », avait-elle déclaré. On ne m’a même pas permis de lui dire au revoir. On l’a emmenée. Je me suis murée dans le silence.

J’ai tout enfoui.

Bâtiment de l'état civil de Nantes avec sa façade caractéristique

Une quête inattendue

Le lendemain, après une nuit agitée, je me rends au service d’état civil de Nantes, place Louis XVI. Mes mains tremblent lorsque je présente le carnet à l’employée derrière le comptoir. Son regard exprime l’interrogation. Elle saisit quelques mots sur son clavier.

« La personne que vous cherchez se nomme effectivement Clémence D. Elle a formulé une demande de recherche de ses origines en 2001, restée sans réponse. »

Je suis bouleversée. Ce prénom, ce visage. Une enfant que j’ai portée. Une existence que j’ai refusé d’assumer. Par peur, par honte, par soumission. Mais aujourd’hui, tout est différent. Je veux comprendre. Je veux la retrouver.

Une piste, un espoir

Grâce à l’assistance discrète d’une assistante sociale, j’obtiens enfin une adresse. Clémence habite à Nantes, dans le quartier de Chantenay, à quelques kilomètres seulement de chez moi. Je passe deux jours à hésiter. Puis, un dimanche matin, je prends ma décision.

Je glisse une lettre dans sa boîte aux lettres. Pas de grands discours, simplement quelques mots sincères :

« Je pense être celle que tu recherches. Si tu veux me rencontrer, je serai au Café Penché, chaque lundi à 10h. — Aline. »

Une rencontre émouvante

Ce lundi particulier, une fine pluie arrose Nantes, cette bruine caractéristique des rives de la Loire. Je m’installe au fond du Café Penché, rue des Olivettes. Le serveur me connaît, il apporte ma commande habituelle : un expresso serré, sans sucre.

À 10h10, le doute s’installe. Puis la porte s’ouvre.

Elle entre.

Elle me ressemble étrangement. Les mêmes yeux noisette, la même posture. Elle s’approche, un sourire timide aux lèvres.

« C’est bien vous ? »

J’acquiesce en silence. Elle s’assoit. Les mots nous manquent, alors je tends la main. Elle la saisit. Un frisson me traverse.

Deux femmes marchant côte à côte dans une rue pavée, symbolisant une relation naissante

Des retrouvailles touchantes

Nous échangeons pendant des heures. Nos histoires. Nos silences. Nos non-dits. Elle est illustratrice jeunesse, passionnée par la littérature enfantine, vit en couple depuis huit ans et envisage l’adoption.

« On devrait apprendre à se connaître, non ? » me propose-t-elle en quittant l’établissement.

Je ne réponds pas. Je la serre simplement dans mes bras.

Un nouveau commencement

Un an s’est écoulé. Nous nous retrouvons chaque mercredi. Elle m’a présenté sa compagne, Juliette. Elles m’ont conviée à une exposition à la HAB Galerie. Nous avons partagé un pique-nique au bord de l’Erdre. Et, il y a trois mois, elles m’ont demandé d’être la marraine de leur futur enfant.

Je vis toujours seule. Mais je ne me sens plus seule.

Des éclats de rire résonnent désormais, des appels téléphoniques, des messages à toute heure. Il y a Clémence. Ma fille.

Un renouveau

La vie ne suit pas toujours le plan que l’on avait imaginé. Parfois, elle prend des chemins inattendus. Parfois, elle offre une rédemption.

Et parfois, derrière un simple rideau, elle nous rappelle ce que nous avons tenté d’oublier.

Maman.