Cancer du pancréas : la science lève le voile sur son inquiétante expansion

Longtemps considéré comme rare, le cancer pancréatique affiche désormais une progression préoccupante, avec un bond de plus de 50% des cas en dix ans. Les médecins alertent sur cette maladie dont la dangerosité ne cesse de croître, suscitant une mobilisation accrue de la recherche.
Une inquiétante progression des cas depuis 30 ans
Les statistiques révèlent une hausse alarmante du nombre de diagnostics entre 1990 et 2018 : +2,7% annuels chez les hommes et +3,8% chez les femmes. Si cette courbe ascendante se maintient, ce cancer pourrait se hisser au deuxième rang des cancers les plus mortels, juste après celui des poumons. Mais quelles raisons expliquent cette progression constante ?
Tabac et alcool : des dangers avérés
Cet organe discret, niché derrière notre estomac, est indispensable à notre digestion et à l’équilibre glycémique. Quand une tumeur s’y installe, son diagnostic tardif complique souvent la prise en charge.
Parmi les coupables identifiés, la cigarette et les boissons alcoolisées arrivent en tête. Les experts du Circ leur attribuent 20 à 30% des cas. Autre élément à considérer : le diabète de type 2, qui multiplierait le risque par 1,8.
Le Dr Hollebecque, oncologue spécialisé, tempère cependant : « Nous ne disposons pas encore de toutes les clés pour comprendre cette augmentation fulgurante », reconnaît-il.
L’hérédité : un facteur à ne pas négliger
Dans 5% des situations, des mutations génétiques héréditaires entrent en jeu. Certaines anomalies liées aux cancers du sein, par exemple, semblent également favoriser son apparition.
Lorsque plusieurs membres d’une famille sont concernés, la vigilance s’impose. Dans ces cas précis, un suivi médical personnalisé peut être envisagé.
Notre environnement sous la loupe des chercheurs
Les scientifiques explorent également la piste environnementale. Polluants atmosphériques, résidus de pesticides, conservateurs alimentaires… autant de suspects potentiels, même si les données manquent encore pour établir des certitudes. Notre rythme de vie effréné, avec son stress chronique et son alimentation industrielle, pourrait également peser dans la balance.
Ce cancer se déclare majoritairement entre 60 et 70 ans. Son dépistage précoce reste un défi majeur, car il évolue souvent silencieusement durant ses premiers stades.
Pronostic : où en est-on aujourd’hui ?
Les chiffres donnent froid dans le dos : la durée médiane de survie post-diagnostic ne dépasse pas douze mois. Seuls 20% des malades environ peuvent espérer une intervention chirurgicale combinée à des traitements médicamenteux, améliorant leurs perspectives.
Le taux de survie à cinq ans plafonne à 5-10%, un chiffre qui n’a pratiquement pas évolué depuis les années 1970 selon les données américaines. La recherche et la prévention constituent donc nos meilleurs atouts pour changer la donne.
Adopter des habitudes saines et connaître les facteurs de risque représente déjà un premier pas essentiel pour se protéger.