L’autisme et l’intestin : une piste surprenante émerge sur les origines du trouble

Figurez-vous que notre ventre pourrait détenir une partie des réponses concernant le développement de l'autisme. Une étude récente explore comment le microbiote intestinal maternel influencerait la formation du cerveau du fœtus. Une découverte qui ouvre des perspectives fascinantes sur les liens entre notre écosystème interne et la neurologie.
Une révélation qui souligne à quel point notre bien-être général — et celui de nos petits — prend racine dans notre système digestif.
Le microbiote, cet univers microscopique aux effets majeurs
Le microbiote intestinal forme un écosystème complexe composé de milliards de micro-organismes qui résident en nous et dont l’action s’étend bien au-delà de la simple assimilation des nutriments. De multiples recherches ont déjà mis en lumière son implication dans :
- notre immunité naturelle,
- nos états émotionnels,
- notre gestion du stress,
- notre métabolisme,
- ainsi que notre prédisposition à certaines affections de longue durée.
Mais cette fois, des scientifiques ont orienté leurs travaux vers un champ encore peu exploré : la neurodéveloppement, et plus spécifiquement les connexions potentielles entre le microbiote et les troubles du spectre autistique (TSA).
Une recherche centrée sur l’impact du microbiote de la mère
Publiée dans The Journal of Immunology, cette investigation a été réalisée sur des rongeurs. Son but : examiner comment la composition du microbiote intestinal chez la femelle gestante peut affecter le développement cérébral de sa progéniture.
D’après le chercheur principal, John Lukens, « le microbiome joue un rôle crucial dans la façon dont le système immunitaire de la descendance réagira face à une infection, une lésion ou une situation de tension ». Autrement dit, l’environnement intestinal maternel pourrait moduler les réponses immunitaires du futur enfant… et par conséquent, influencer la maturation de son cerveau.
L’implication d’une molécule pro-inflammatoire : l’IL-17a
Les experts se sont penchés de près sur une substance nommée interleukine-17a (IL-17a). Cette cytokine est reconnue pour son rôle dans divers troubles inflammatoires, mais aussi pour participer aux mécanismes de défense contre certains agents pathogènes. La nouveauté réside dans le fait qu’elle pourrait également moduler la croissance cérébrale in utero.
En neutralisant cette molécule chez certains sujets, l’équipe a noté une atténuation des comportements évocateurs de l’autisme chez les nouveau-nés. Cependant, chez les mères présentant un microbiote fortement inflammatoire, ces manifestations persistaient malgré l’absence d’IL-17a.
Une expérimentation par transplantation microbienne
Pour valider leur théorie, les chercheurs ont procédé à un transfert fécal entre deux cohorts de souris :
- la première dotée d’un microbiote induisant une réaction inflammatoire intense,
- la seconde, bénéficiant d’un microbiote plus équilibré.
Après avoir altéré le microbiote du second groupe pour le rendre similaire au premier, les petits issus de ce nouvel environnement ont présenté des comportements s’apparentant à ceux du spectre autistique. Ce qui indique que la qualité du microbiote maternel pourrait suffire à influencer le neurodéveloppement de l’enfant.
Les implications pour nous
Naturellement, il s’agit d’une étude animale, et les scientifiques rappellent que ces conclusions ne sont pas directement applicables à l’être humain. Elles n’en restent pas moins une voie de recherche encourageante quant à l’importance de la santé intestinale durant la grossesse.
Un microbiote sain pourrait-il constituer l’une des clés d’un développement favorable du bébé ? Les chercheurs n’écartent pas cette possibilité — ce qui conforte l’idée que veiller à son alimentation, à son équilibre digestif et à son bien-être pendant la grossesse est fondamental.
Notre santé mentale, affective et cérébrale commence bien souvent… dans notre intestin.