L’infidélité, une quête de soi ? Le décryptage d’une psychothérapeute

Publié le 26 septembre 2025

Et si tromper son partenaire était moins une histoire de désir pour un autre qu'une tentative de se retrouver soi-même ? Loin des clichés, une spécialiste du couple nous éclaire sur les motivations profondes qui peuvent pousser à l'infidélité.

Une affaire personnelle avant d’être conjugale

On associe souvent l’infidélité à la fin de l’amour. Une idée reçue que contredit la psychothérapeute renommée Esther Perel, forte de son expérience auprès de nombreux couples. Pour elle, bien des infidèles ne cherchent pas à quitter leur conjoint, mais tentent plutôt de retrouver une facette d’eux-mêmes qu’ils ont délaissée.

L’affection peut être toujours présente dans le couple. Pourtant, l’individu a l’impression de ne plus s’épanouir, de ne plus être séduisant, de perdre son énergie vitale. Dans ce contexte, l’aventure extraconjugale apparaît comme une démarche – peut-être maladroite, mais sincère – pour renouer avec son identité profonde.

L’usure du quotidien, un poison discret

Esther Perel nomme ce processus un effacement progressif de sa propre individualité. Les émotions existent, mais elles sont étouffées par la routine. Les semaines se déroulent de manière identique, les conversations tournent autour de l’organisation : « Tu peux aller chercher les enfants ? » ou « As-tu pensé à payer les factures ? ». La complicité laisse place à une coordination pratique, et le train-train journalier prend le pas sur la spontanéité.

Dans cette grisaille, la personne ne se sent pas délaissée par l’autre… mais invisible à ses propres yeux. Cette situation n’implique pas nécessairement un mauvais partenaire. C’est une dérive silencieuse qui guette de nombreux couples sans qu’ils en aient conscience.

Le véritable objet du désir : se sentir exister

La quête secrète de celui ou celle qui commet une infidélité ? Un souffle de vitalité. Non pas le besoin d’une nouvelle personne, mais la soif de redevenir la personne qu’il ou elle a cessé d’être : plus insouciante, plus courageuse, plus authentique. Une urgence presque vitale à se reconnecter à sa propre flamme.

L’enjeu, d’après Perel, n’est pas de juger ou d’excuser, mais de saisir la signification de cette pulsion. Car elle met en lumière un besoin fondamental chez tout être humain : éprouver un sentiment d’existence, de curiosité et de désirabilité.

Des pistes pour renouer sans tout briser

La lumière dans tout cela ? Il est possible de raviver la connexion sans nécessairement recourir à des mesures extrêmes. Parfois, de simples attentions suffisent à réchauffer l’atmosphère. Voici quelques suggestions concrètes et efficaces :

  • Injectez une dose de surprise : organisez une activité impromptue, laissez un mot doux dans une poche, préparez un petit-déjeuner au lit sans occasion spéciale.
  • Recréez la découverte mutuelle : posez une question inédite à votre partenaire. Réapprenez à l’écouter avec l’intensité des premiers temps.
  • Recherchez le jeu et la légèreté : partagez des fous rires, inventez un code secret, osez être un peu enfantins ensemble.
  • Célébrez vos singularités : aimer, ce n’est pas devenir un seul être. C’est aussi chérir les parts de mystère qui font l’unicité de l’autre.

Une histoire d’amour est aussi une aventure intérieure

Construire un amour durable ne signifie pas nier les moments de platitude ou de lassitude. Il s’agit de les accueillir… et d’intervenir avant que l’écart ne se creuse. Cela demande parfois une introspection personnelle : suis-je encore en phase avec mes passions ? Qu’est-ce qui me donne vraiment le sentiment d’être pleinement moi-même ?

Et si, finalement, la fidélité à l’autre commençait par une loyauté envers sa propre essence ?